En guise d’introduction
Cette plante de la famille des Cucurbitacées, (Cucumis sativus), n’est autre qu’un concombre récolté avant sa pleine maturité. Cultivé depuis des millénaires en Asie et arrivé en France au XVIe siècle, le cornichon s’est imposé comme un condiment incontournable de notre gastronomie.
Sa culture, accessible même aux jardiniers débutants, peut se pratiquer aussi bien en pleine terre que sous serre. Cette production maison, croquante et savoureuse, justifie l’attention que nous portons tous à cette culture qui peut produire de juillet jusqu’aux premières gelées.
Comprendre le cornichon : botanique et variétés
Parlons un peu botanique
Le cornichon et le concombre appartiennent à la même espèce botanique, Cucumis sativus. Cette distinction apparente découle simplement du moment de récolte : si l’on laissait un cornichon poursuivre sa croissance sur le plant, il se gorgerait d’eau et deviendrait un concombre. Cependant, les horticulteurs ont développé au fil du temps des variétés spécifiquement sélectionnées pour leur prolificité en petits fruits, optimisant ainsi la production de cornichons.
Cette plante annuelle présente des tiges rampantes ou grimpantes munies de vrilles, avec un feuillage palmé et velu. Entre juin et septembre, des fleurs jaunes unisexuées apparaissent, ressemblant à celles des courgettes. Les fruits qui en résultent peuvent être allongés ou ronds, lisses ou à picots, mesurant typiquement entre 2 et 8 centimètres selon le moment de récolte.
Sélection des meilleures variétés
Le choix de la variété est important pour obtenir des cornichons adaptés à vos goûts et à votre région. Plusieurs variétés se distinguent par leurs qualités.
‘Fin de Meaux‘ produit des fruits vert foncé, longs et réguliers, constituant une variété facile à cultiver et idéale pour la conservation en bocal. ‘Vert petit de Paris‘ offre des fruits trapus, réguliers et vert foncé, cette variété robuste et productive représente un classique des potagers français.
‘Amélioré de Bourbonne‘, variété ancienne, produit des fruits verts, longs et fins, légèrement velus. Pour les amateurs d’originalité, ‘Blanc petit de Paris‘ présente les mêmes atouts que sa cousine verte mais se distingue par ses fruits blanc-crème. ‘Salt and Pepper‘, autre variété aux fruits blancs et croquants, présente l’avantage d’être résistante au mildiou.
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Préparer le semis des cornichons
Conditions et timing optimal
Le cornichon nécessite des températures comprises entre 18 et 22°C, avec un minimum absolu de 10 à 12°C. Les semis peuvent débuter dès mars sous abri chauffé ou d’avril à mai pour les semis en pleine terre, toujours en s’assurant que les risques de gelées sont écartés.
Pour les semis sous abri, une température minimale de 18 à 20°C doit être maintenue. En pleine terre, attendez que le sol soit suffisamment réchauffé, généralement à partir de la mi-mai après les Saints de glace.
Techniques de semis
Deux techniques principales s’offrent au jardinier : le semis en godet sous abri et le semis direct en pleine terre.
Pour le semis en godets, semez 2 à 3 graines par godet à une profondeur de 1 à 2 centimètres, environ 2 à 3 semaines avant la date de plantation prévue. Conservez uniquement le plant le plus vigoureux après la levée.
Pour le semis en pleine, espacez chaque trou d’environ un mètre et semez 3 à 5 graines par trou à 2 centimètres de profondeur. Une fois que les plantules ont 4 à 5 feuilles, procédez à l’éclaircissage pour ne conserver que le ou les deux plants les plus robustes de chaque poquet.
La germination intervient généralement en 5 à 10 jours dans de bonnes conditions. Durant cette période, maintenez le substrat humide sans excès pour favoriser une levée régulière.
Plantation
Choix de l’emplacement
Le cornichon exige une exposition ensoleillée et chaude, à l’abri du vent. Côté sol, il apprécie un substrat riche, profond, ameubli et bien drainé. Pensez à faire un apport de compost bien décomposé à l’automne précédant le semis. Cette préparation en amont permet au sol de s’enrichir progressivement et d’offrir aux plants les éléments nutritifs nécessaires à leur développement.
Le cornichon épuise peu le sol et peut être planté au même endroit tous les deux ans, information utile pour organiser la rotation des cultures. Cependant, évitez de planter des cucurbitacées au même endroit deux années de suite pour prévenir l’installation des maladies.
Distances de plantation et organisation
L’espacement des plants varie selon le mode de culture choisi : pour une culture rampante au sol, espacez les plants de 40 à 60 centimètres sur le rang, et prévoyez 80 centimètres à un mètre entre les rangs. Pour une culture sur tuteur grimpante, une distance de 40 à 60 centimètres entre chaque plant suffit.
Une astuce de plantation consiste à former une cuvette autour de chaque plant pour aider à retenir l’eau d’arrosage. Cette technique améliore l’utilisation de l’eau et limite les stress des plantes.
Les supports
La culture sur support vertical présente plusieurs avantages : gain de place au sol, facilité de récolte, propreté des fruits qui ne sont pas en contact avec la terre, et prévention des maladies grâce à une circulation de l’air améliorée. Installez un grillage entre deux supports, vos plants grimperont à l’aide de leurs vrilles. Cette méthode convient aux petits jardins où l’optimisation de l’espace est nécessaire.
Entretien et soins
L’arrosage
Arrosez régulièrement en laissant sécher la terre entre deux arrosages. Versez l’eau uniquement au pied de la plante, en prenant soin de ne pas mouiller le feuillage pour limiter l’apparition de maladies.
Privilégiez un système d’arrosage goutte-à-goutte si possible. Utilisez une eau à température ambiante pour éviter un choc thermique qui peut rendre les fruits amers. L’arrosage matinal permet aux plants de bénéficier de l’humidité durant les heures chaudes tout en laissant le temps au feuillage de sécher avant la fraîcheur nocturne.
Paillage et protection du sol
Installer une couche de paillis au pied des plants constitue une bonne pratique. Le paillage conserve l’humidité du sol, réduit la fréquence des arrosages, limite la pousse des mauvaises herbes et maintient les fruits propres s’ils touchent le sol.
Cette technique présente également l’avantage de réguler la température du sol, évitant les variations trop importantes qui peuvent stresser les plants et affecter la qualité des fruits.
Taille et pincement
Bien que non obligatoire, la taille ou pincement permet d’augmenter la fructification. Dès que votre pied de cornichons a 4-5 feuilles, coupez la tige principale après la 3ème ou 4ème feuille. Certains recommandent de pincer au-dessus de la 5ème ou 6ème feuille.
Les tiges du bas vont se développer et il faudra les tailler après la 3ème ou 4ème feuille également. Cette technique favorise le développement de tiges latérales sur lesquelles apparaîtront davantage de fleurs, permettant d’obtenir plus de fruits tout en hâtant la fructification.
La fertilisation
Un apport d’engrais équilibré riche en potassium durant la fructification soutient la production. Les extraits fermentés de consoude ou d’ortie fournissent de bons éléments nutritifs pour le développement des fruits.
La récolte
La récolte commence au mois d’août et dure jusqu’en octobre, environ deux mois après le semis. Elle intervient tous les jours au fur et à mesure des besoins. Cette fréquence quotidienne n’est pas anecdotique : une récolte fréquente stimule le plant, qui produira de nouveaux fruits en continu.
Cueillez les cornichons dès qu’ils atteignent une taille correcte et que leur couleur est bien verte. Les cueillir petits et jeunes garantit leur qualité gustative. La taille de récolte varie selon les préférences : les cornichons extra-fins mesurent 2 à 4 centimètres, les cornichons fins de 4 à 6 centimètres, et les moyens de 6 à 8 centimètres.
Coupez la queue avec un sécateur ou des ciseaux plutôt que de tirer sur le fruit. Cette précaution évite d’endommager la plante et les autres fruits en développement. Frottez-les dans un chiffon humide pour retirer les petits poils et impuretés avant la conservation.
La récolte matinale, lorsque les fruits sont encore frais de la rosée, offre de bonnes conditions. Évitez de récolter par temps de pluie ou juste après un arrosage pour limiter les risques de développement de bactéries durant le stockage.
Les maladies principales de nos cornichons
Maladies cryptogamiques
Les cornichons sont principalement sensibles aux maladies cryptogamiques comme l’anthracnose et l’oïdium. L’oïdium se manifeste par une texture blanchâtre sur les feuilles, conséquence de températures élevées. La prévention est la meilleure stratégie : ne pas mouiller le feuillage lors de l’arrosage, assurer une bonne circulation de l’air entre les plants, et éliminer rapidement les parties atteintes.
Le mildiou provoque des taches brunes sur les feuilles et peut s’étendre aux fruits. Les mêmes mesures préventives s’appliquent.
La mosaïque, transmise par les pucerons et araignées rouges, se manifeste par une décoloration en mosaïque des feuilles. Une solution de savon noir bio dilué ou du purin d’ortie constitue une des préventions recommandées.
Les ravageurs
Côté ravageurs, surveillez particulièrement les acariens et les pucerons. Les pucerons noirs attaquent fréquemment les jeunes plants.
Les limaces représentent également une menace pour les jeunes plants. Enlevez-les et éloignez les de votre zone de culture.
Les araignées rouges se développent par temps sec ; maintenir une bonne humidité ambiante et utiliser des pulvérisations de savon noir bio permettent de les contrôler.
Associations et rotation
Compagnonnage bénéfique
Il peut être intéressant de cultiver le cornichon à proximité du radis, de la tomate et de la capucine en tant que répulsif contre les nématodes qui touchent la tomate.
Les radis, à croissance rapide, peuvent être semés entre les cornichons en début de saison, utilisant l’espace avant que les cornichons ne prennent leur ampleur définitive.
Associations à éviter
En revanche, vos plants de cornichons nuiront à la germination du fenouil, du poireau, de la laitue, de la scarole, du melon et du navet à cause des substances allélpathiques qui inhibent la croissance de ces espèces.
En guise de conclusion
La satisfaction de déguster ses propres cornichons, croquants et parfumés, justifie de se lancer dans cette culture. Que vous disposiez d’un grand potager ou d’un simple balcon, le cornichon trouvera sa place et vous offrira le plaisir d’une production maison, saine et savoureuse, à déguster tout au long de l’année.
Bonne culture à tous et toutes et surtout bon appétit !
