En guise d’introduction
Les petits pois lisses représentent une catégorie particulière de légumineuses qui mérite sa place dans notre potager. Ces variétés anciennes, cultivées depuis des siècles, offrent des avantages pratiques pour le jardinier amateur comme confirmé.
Différence entre pois lisses et pois ridés
Avant d’aborder la culture proprement dite, il convient de clarifier la distinction entre ces deux grandes familles de petits pois. Les pois lisses, aussi appelés pois ronds, se caractérisent par leur grain parfaitement lisse au moment du séchage. Cette particularité résulte d’une teneur plus élevée en amidon par rapport aux pois ridés.
Cette composition leur confère une rusticité bien marquée face au froid et à l’humidité, permettant des semis plus précoces en saison. En revanche, leur saveur reste plus délicate et moins sucrée que celle des pois ridés. Leur texture, légèrement plus farineuse une fois cuite, les rend particulièrement adaptés à la conservation et à la congélation.
Préparation du sol
Exigences du sol
Les pois lisses prospèrent dans un sol frais, léger et bien drainé. Un pH neutre à légèrement acide (entre 6,0 et 7,5) convient parfaitement à leur développement. La terre doit présenter une bonne capacité de rétention d’eau sans pour autant devenir détrempée.
Un sol riche en matière organique favorise la croissance, mais attention aux excès d’azote qui peuvent stimuler excessivement le feuillage au détriment de la production de gousses. Comme toutes les légumineuses, les pois fixent l’azote atmosphérique grâce aux nodosités présentes sur leurs racines.
Travail du sol
Incorporez un amendement organique bien décomposé, comme du compost mûr, à raison de 2 à 3 kilos par mètre carré. Évitez le fumier frais qui favorise le développement des maladies.
Affinez la surface avec un râteau pour obtenir une terre fine et régulière. Un sol trop compact nuit à la germination et au développement des jeunes racines.
Semis des pois lisses
Périodes de semis
La rusticité des pois lisses autorise deux périodes de semis distinctes. Dans les régions à climat doux (Midi, Sud-Ouest, littoral atlantique), semez d’octobre à novembre pour une récolte printanière précoce, dès le mois d’avril. Cette culture d’automne permet d’éviter les fortes chaleurs estivales qui nuisent à la qualité des grains.
Pour les régions plus fraîches ou en culture de printemps, effectuez vos semis de février à avril, dès que la terre n’est plus gelée. La température minimale de germination se situe autour de 5°C, mais une température de sol comprise entre 10 et 15°C garantit une levée plus rapide et régulière, en 8 à 10 jours.
Technique de semis
Tracez des sillons de 3 à 5 centimètres de profondeur selon la nature de votre sol. En terre légère, creusez plus profond pour maintenir l’humidité, tandis qu’en sol lourd, limitez la profondeur à 3 centimètres pour éviter la pourriture des graines.
Espacez les rangs de 40 à 50 centimètres pour les variétés naines et jusqu’à 70 centimètres pour les types grimpants. Déposez une graine tous les 3 à 4 centimètres le long du sillon. Vous pouvez également opter pour un semis en poquets de 4 à 5 graines espacés de 20 centimètres.
Recouvrez les graines de terre fine et plombez légèrement avec le dos du râteau pour assurer un bon contact sol-graine. Arrosez en pluie fine si la terre est sèche, en évitant de créer une croûte de battance.
Semis en godet
Pour les régions aux hivers rigoureux ou pour devancer la saison, le semis en godets sous abri constitue une alternative intéressante. Utilisez des godets de 7 centimètres minimum et semez 4 à 5 graines par contenant dans un terreau de qualité.
Maintenez une température de 15 à 18°C pour favoriser la germination. Repiquez en pleine terre lorsque les plants atteignent 10 à 15 centimètres de hauteur et que les risques de gelées sévères sont écartés.
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Plantation
Transplantation
Si vous avez opté pour un semis en godet, transplantez vos plants en fin de journée ou par temps couvert pour limiter le stress. Respectez l’espacement initial prévu et arrosez copieusement après la plantation.
Mise en place des tuteurs
Contrairement aux idées reçues, même les variétés naines bénéficient d’un support. Installez vos tuteurs rapidement après la levée, lorsque les plants atteignent 8 à 10 centimètres de hauteur. Cette précaution évite d’endommager le système racinaire déjà développé.
Pour les variétés naines, des branchages ramifiés de 60 à 80 centimètres suffisent. Plantez-les légèrement en biais, du côté d’où viennent les vents dominants, pour que ces derniers poussent naturellement les tiges vers le support.
Les variétés grimpantes nécessitent des supports plus conséquents : treillis, filets à ramer ou tuteurs de 1,80 à 2 mètres de hauteur. Un grillage à larges mailles tendu entre des poteaux constitue également une solution efficace et durable.
Entretien
Arrosage
Les pois lisses apprécient un sol frais mais redoutent les excès d’eau qui favorisent les maladies cryptogamiques. Adaptez vos arrosages aux conditions météorologiques et au stade de développement.
Durant la phase de croissance végétative, arrosez modérément pour encourager l’enracinement plutôt que le développement foliaire excessif. Augmentez la fréquence et les quantités à partir de la floraison jusqu’à la formation des gousses. Cette période est très importante pour le rendement final.
Privilégiez un arrosage au pied des plants, tôt le matin ou en fin de journée, pour éviter l’évaporation et limiter l’humidité sur le feuillage.
Buttage
Buttez légèrement les plants en ramenant la terre autour de la base des tiges. Cette pratique renforce la stabilité des plants et stimule l’émission de racines adventives.
Paillage
Une fois les plants bien établis, installez un paillage organique (paille, tontes de gazon séchées) sur 4 à 5 centimètres d’épaisseur. Cette couverture maintient la fraîcheur du sol, limite les mauvaises herbes et apporte progressivement de la matière organique.
En culture d’automne-hiver, le paillage joue un rôle protecteur contre le gel, particulièrement important pour les jeunes plants.
Récolte des pois lisses
Période de récolte
La récolte intervient généralement 70 à 100 jours après le semis, selon la variété et les conditions climatiques. Pour les semis d’automne, comptez 3 à 4 mois avant la première cueillette. Les semis de printemps permettent une récolte plus rapide, en 2,5 à 3 mois.
Les premières gousses se forment à la base des plants puis progressent vers le sommet. Cette particularité permet d’échelonner les récoltes sur plusieurs semaines.
La maturité
Récoltez vos pois lisses lorsque les gousses sont bien remplies et encore parfaitement vertes. Les grains doivent être formés et fermes au toucher, mais pas encore durcis. Une gousse trop mûre donnera des pois farineux et moins savoureux.
Le test de la pression vous aide à déterminer le bon moment : pressez délicatement une gousse entre vos doigts. Si elle cède légèrement et que vous sentez les grains bien individualisés, c’est le moment idéal pour la récolte.
La cueillette
Récoltez de préférence tôt le matin, lorsque les gousses sont encore fraîches et gorgées d’eau. Cueillez-les d’un geste ferme en tenant la tige d’une main et en tirant la gousse de l’autre.
Effectuez la récolte tous les 2 à 3 jours pour maintenir la production et éviter que les gousses ne deviennent trop mûres. Une cueillette régulière stimule la formation de nouvelles fleurs et prolonge la période productive.
Continuez l’arrosage pendant la récolte pour favoriser la formation des dernières gousses situées au sommet des plants.
Principales variétés de pois lisses
Très hâtif d’Annonay
Cette variété ancienne, cultivée depuis plus de 115 ans, demeure une référence pour les jardiniers. Plant nain de 40 à 50 centimètres, elle produit des cosses droites contenant 6 à 8 grains ronds de grosseur moyenne. Sa précocité remarquable permet des semis très précoces au printemps et des cultures d’automne dans les régions clémentes.
Petit Provençal
Variété naine productive et hâtive, particulièrement adaptée aux régions méditerranéennes. Ses grains tendres et fondants conviennent parfaitement à la consommation fraîche et à la congélation.
Douce Provence
Plant nain robuste offrant une bonne résistance aux conditions climatiques difficiles. Cette variété polyvalente s’adapte aussi bien aux semis de printemps qu’à ceux d’automne.
Express longue cosse
Comme son nom l’indique, cette variété se distingue par ses gousses particulièrement longues, contenant 8 à 10 grains. Précoce et productive, elle mérite sa place dans tous les potagers.
Roi des conserves
Variété à rames particulièrement adaptée à la transformation et à la conservation. Ses grains fins et savoureux supportent parfaitement la congélation et la mise en conserve.
Maladies et ravageurs
Principales maladies
L’ascochytose représente la maladie aérienne la plus fréquente chez les pois et se manifeste par des taches brunes sur les feuilles qui évoluent vers des nécroses irrégulières. La maladie progresse du bas vers le haut de la plante et peut ceinturera les tiges, fragilisant les plants face à la verse.
Le mildiou se développe par temps frais et humide (température inférieure à 18°C). Il se reconnaît à l’apparition de taches jaunâtres sur la face supérieure des feuilles, accompagnées d’un duvet blanchâtre puis gris-violet sur la face inférieure.
L’oïdium, plus fréquent dans le Sud et l’Ouest, forme un feutrage blanc caractéristique sur le feuillage, les tiges et parfois les gousses. Cette maladie se développe par temps chaud et humide.
Les ravageurs
Le puceron vert du pois (Acyrthosiphon pisum) constitue le principal ravageur de cette culture. Ces insectes de 2,5 à 4 millimètres colonisent préférentiellement les jeunes pousses, les fleurs et les boutons floraux. Leur présence provoque un affaiblissement des plants, un jaunissement du feuillage et peut entraîner l’avortement des fleurs.
Les sitones, petits charançons brun-rouge, créent des encoches caractéristiques en demi-lune sur le bord des feuilles. Bien que ces dégâts folaires restent limités, leurs larves s’attaquent aux nodosités racinaires, compromettant la fixation d’azote.
La tordeuse du pois pond ses œufs sur les gousses. Les chenilles pénètrent à l’intérieur et dévorent les grains en développement, causant des dégâts importants lors de fortes infestations.
Lutte préventive
Respectez les rotations en évitant de cultiver des légumineuses au même endroit avant 3 années. Cette pratique limite l’accumulation des pathogènes spécifiques dans le sol.
Maintenez une aération suffisante entre les plants en respectant les espacements recommandés. Un feuillage qui sèche rapidement limite le développement des maladies fongiques.
Traitements curatifs
Contre les pucerons, pulvérisez une solution de savon noir (2 cuillères à soupe par litre d’eau) ou un purin d’ortie dilué à 10%. Renouvelez le traitement tous les 8 jours si nécessaire.
Les macérations de feuilles de rhubarbe ou les décoctions de tanaisie présentent également une efficacité intéressante contre les pucerons.
Conservation
Conservation fraîche
Les pois lisses frais se conservent 2 jours maximum au réfrigérateur dans leurs gousses. Pour une conservation optimale, évitez de les laver avant stockage et placez-les dans un sachet perforé au bac à légumes.
Congélation
Les pois lisses se prêtent parfaitement à la congélation. Écossez-les rapidement après la récolte, blanchissez-les 1 minute dans l’eau bouillante salée puis plongez-les immédiatement dans l’eau glacée. Égouttez soigneusement avant de conditionner en sachets pour congélation.
Ainsi préparés, ils se conservent 10 mois au congélateur sans problème.
Séchage et pois cassés
Pour obtenir des pois cassés, laissez sécher complètement quelques gousses sur pied jusqu’au jaunissement complet. Récoltez par temps sec et faites sécher les gousses quelques jours supplémentaires à l’ombre avant d’extraire les grains.
Frottez les pois secs pour éliminer la fine pellicule qui les entoure. Conservez-les dans des bocaux hermétiques, à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Mise en conserve
La stérilisation en bocaux permet une conservation de longue durée. Blanchissez les pois 3 minutes, répartissez-les dans des bocaux stérilisés, couvrez d’eau bouillante salée et procédez à la stérilisation selon les recommandations habituelles.
Rotation et associations
Rotation des cultures
Vous pouvez cultiver après vos petits pois lisses des légumes feuilles (choux, épinards, salades) qui bénéficient de l’azote fixé par les nodosités.
Évitez de les faire succéder à d’autres légumineuses (haricots, fèves) qui partagent les mêmes exigences et pathogènes spécifiques.
Plantes compagnes
Les pois s’associent harmonieusement avec les radis, carottes, navets, pommes de terre et céleris. Ces légumes ne concurrencent pas les pois et bénéficient même parfois de l’azote qu’ils fixent.
Évitez la proximité des alliacées (ail, oignon, échalote, poireau) qui peuvent inhiber le développement des nodosités. Nous en avons fait l’expérience …..
En guise de conclusion
La culture des pois lisses nous offre une production précoce et abondante de légumes savoureux. Leur rusticité et leur facilité de culture en font des alliés précieux pour étaler les récoltes et enrichir naturellement le sol du potager. Avec un peu d’attention et les bons gestes techniques, vous profiterez de délicieux petits pois du début du printemps jusqu’en été.
Alors comme de tradition, nous vous souhaitons une superbe récolte et bon appétit.
