Guide complet de la culture du chou chinois : du semis à la récolte

En guise d’introduction

Le chou chinois, venu d’Asie, gagne progressivement nos jardins européens grâce à sa facilité de culture et ses remarquables qualités gustatives.

Appartenant à l’espèce Brassica rapa, ce légume de la famille des Brassicacées se distingue par sa saveur plus douce que nos choux traditionnels et sa richesse nutritionnelle exceptionnelle.

Cultivé en Chine depuis le 5ème siècle, ce crucifère s’adapte parfaitement aux climats tempérés et offre des récoltes généreuses en automne et début d’hiver.

Dans cet article, j’explorerai avec vous tous les aspects de la culture du chou chinois, depuis le choix des variétés jusqu’aux techniques de conservation, en passant par les meilleures pratiques de semis, d’entretien et de protection contre les ravageurs.

Que vous soyez jardinier débutant ou expérimenté, vous découvrirez ici tous les secrets pour réussir la culture de ce légume aux multiples atouts.

Les variétés de chou chinois à connaître

Le terme « chou chinois » englobe principalement deux sous-espèces distinctes, chacune ayant ses propres caractéristiques et usages culinaires. La grande différence se situe au niveau du feuillage : frisé pour le pé-tsaï, plat pour le pak-choï.

Le pé-tsaï (Brassica rapa subsp. pekinensis)

Le pé-tsaï forme une pomme allongée rappelant la laitue romaine, avec des feuilles vertes entières et ondulées groupées autour d’un cœur blanc. Cette variété se caractérise par sa croissance compacte et ses tiges blanches croquantes. Parmi les cultivars les plus populaires, la variété ‘Granaat’ se distingue par ses feuilles vertes ovales et sa croissance rapide, permettant une récolte dès 21 jours après le semis au stade jeunes feuilles.

La variété ‘Wong Bok’ représente une option classique pour les jardiniers, offrant une excellente résistance et un goût authentique. Ce cultivar nécessite un espacement de 40 cm entre les lignes et se récolte facilement jusqu’en décembre.

Le pak-choï (Brassica rapa subsp. chinensis)

Le pak-choï, souvent comparé à la blette verte, présente des feuilles lisses avec de longs pétioles blancs charnus. Cette variété d’environ 50 cm de hauteur ne forme pas de pomme mais développe une rosette de feuilles. Chez le pak-choï, tout se mange : tiges et feuilles, avec un goût mi-herbacé, mi-neutre qui plaît généralement à tous.

Les variétés modernes offrent également des options colorées comme le ‘Sanguino’, qui développe des feuilles rouge bordeaux d’un côté et veinées de rouge au verso, avec des pétioles verts francs et très gustatifs.

Préparation et semis du chou chinois

La réussite de la culture du chou chinois commence par un semis bien maîtrisé et parfaitement synchronisé avec les saisons. Cette espèce se sème dans le courant de l’été pour obtenir des pommes en automne et pendant l’hiver.

Période optimale de semis

Les semis s’effectuent idéalement de juillet à août, permettant une récolte de septembre à novembre. Cette temporalité évite les fortes chaleurs estivales qui provoquent une montaison prématurée. Les graines germent dès 10°C, mais préférez des températures comprises entre 15 et 20°C pour optimiser la levée.

Le semis de printemps reste possible mais requiert une attention particulière. Il doit être effectué juste après les dernières gelées afin de minimiser les risques de montaison précoce. Dans les régions du sud de la France, les semis peuvent s’étendre jusqu’à mi-septembre.

Préparation du sol

Le chou chinois exige un sol riche, frais et bien drainé. Mélangez du compost ou d’autres engrais organiques au sol avant de planter, permettant aux semis de prendre un bon départ et de développer un système racinaire sain. Le pH idéal se situe entre 6,0 et 7,0, dans un sol neutre à légèrement alcalin.

Ameublissez profondément le terrain en retirant pierres et adventices. Utilisez des engrais organiques tels que l’émulsion de poisson, le fumier bien décomposé et le compost, avec un engrais dont le taux d’azote est légèrement supérieur car l’azote favorise le développement d’un feuillage vigoureux.

Techniques de semis

Trois méthodes principales s’offrent au jardinier selon ses préférences et contraintes :

Semis en sillons : Creusez des sillons de 1 à 2 cm de profondeur, espacés de 30 à 40 cm. Plantez les graines à une profondeur d’environ 0,5 à 1 cm, semez tous les 5 cm puis recouvrez d’une fine couche de terre. Arrosez délicatement en pluie fine pour éviter le déplacement des graines.

Semis en poquets : Cette technique traditionnelle consiste à creuser des poquets tous les 30 cm et d’y déposer 5 à 15 graines. Semez en poquet de 2 à 3 graines, à 30 cm en tous sens, puis éclaircissez chaque poquet pour conserver le plant le plus vigoureux.

Semis en pépinière : Particulièrement adapté aux régions aux étés très chauds, le semis sous abri permet de mieux contrôler les conditions de germination. Les semis s’effectuent sous abri chaud à 20°C d’avril à août.

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Plantation et repiquage

Le repiquage constitue une étape cruciale qui détermine largement la réussite de la culture. Préférez semer en plaques de semis et repiquer en godets pour que les choux soient le plus robustes possibles lors de leur mise en terre.

Moment du repiquage

Éclaircissez les semis lorsque les plants atteignent 20 à 30 centimètres, ou dès que les plants ont développé 4 à 5 feuilles. Repiquez lorsque les plants ont développé au moins 3 à 4 feuilles, en sortant les jeunes plants avec précaution.

Espacement et disposition

Le repiquage et la plantation des plants en pleine terre s’effectuent de la mi-mai à août, en espaçant les plants de 50 centimètres ou les lignes de 30 centimètres. Cette distance permet un développement optimal tout en facilitant l’entretien.

Choisissez une exposition ensoleillée à mi-ombre. Le chou chinois tolère la mi-ombre mais développe de plus belles pommes au soleil, à condition de maintenir une humidité constante.

Protection des jeunes plants

Cette méthode de repiquage est efficace contre les limaces, car les dégâts sont plus facilement rattrapables sur un plant de 15 cm que sur un petit de 5 cm. Installez éventuellement des protections individuelles contre les gastéropodes durant les premières semaines.

Entretien et arrosage du chou chinois

L’entretien du chou chinois repose sur trois piliers fondamentaux : un arrosage régulier, un sol constamment frais et une protection contre la chaleur excessive.

Gestion de l’arrosage

Le chou chinois est très sensible à la sécheresse et ne peut pas survivre l’été sans eau. Maintenez le sol constamment frais durant sa culture. L’irrégularité de l’arrosage provoque la montaison prématurée et altère le goût.

Appliquez l’eau directement sur le sol, lentement et délicatement, en évitant l’arrosage sur le feuillage. Préférez des arrosages peu fréquents mais abondants, idéalement le matin pour éviter l’évaporation excessive.

En cas d’attaque d’altises, un arrosage quotidien voire biquotidien peut suffire à enrayer une attaque, en maintenant la terre et le feuillage humides.

Paillage et amendements

Le paillage constitue un allié précieux pour maintenir l’humidité du sol et limiter l’évaporation. Paillez le sol autour des choux et maintenez-le humide. Les altises se multiplient beaucoup moins dans ces conditions qu’elles n’apprécient pas.

Vous pouvez installer un système de goutte-à-goutte afin d’optimiser les arrosages et désherber pour limiter la concurrence. Les amendements réguliers en compost ou engrais organiques soutiennent la croissance vigoureuse du feuillage.

Protection contre la chaleur

L’irrigation doit être bien suivie tout comme l’exposition au soleil : les productions peuvent être ombragées afin d’éviter la montée en graines. En cas de très fortes chaleurs, installez des cagettes ou des ombrières pour protéger les plants.

Dans les régions sèches, l’installation d’un ombrage permet d’économiser beaucoup d’eau. Cette protection temporaire s’avère particulièrement utile durant les vagues de chaleur estivales.

Récolte et conservation

La récolte du chou chinois marque l’aboutissement de plusieurs mois de soins attentifs. Comptez environ 2 à 3 mois après le semis pour la récolte complète, ou 40 jours pour les jeunes pousses.

Signes de maturité

Le chou peut se consommer au stade jeunes feuilles dès 21 jours après le semis. Pour une récolte de pommes matures, attendez que celles-ci soient bien serrées et lourdes, gage d’une meilleure tenue à la cuisson.

Le pé-tsaï forme une pomme compacte et allongée, tandis que le pak-choï développe une rosette de feuilles avec des pétioles charnus. Dans les deux cas, les feuilles doivent être fermes et d’un vert soutenu.

Techniques de récolte

Coupez les feuilles à leur base avec un couteau bien aiguisé ou des ciseaux, sans tirer sur la plante. Pour les variétés pommées, tranchez au niveau du collet en conservant quelques feuilles extérieures.

Faire des semis successifs permet d’échelonner la production, assurant une disponibilité prolongée de légumes frais. Récoltez de préférence le matin quand les feuilles sont encore gorgées de rosée.

Conservation et stockage

Le chou chinois ne se conserve pas très bien. Il est préférable de le récolter au fur et à mesure des besoins jusqu’aux gelées. Au réfrigérateur, conservez-le dans un sac plastique perforé pendant 3 à 5 jours maximum.

Pour une conservation plus longue, vous pouvez blanchir le chou et le congeler. Le chou chinois peut être stocké en sécurité à l’extérieur pendant l’hiver dans les régions aux hivers doux, les feuilles extérieures pouvant être gardées au chaud après séchage.

Protection hivernale

Le chou chinois supporte de légères gelées, généralement jusqu’à -5°C. En cas de chute de température importante, protégez les plants avec un voile d’hivernage ou des cloches. Cette protection permet de prolonger la période de récolte jusque tard dans l’automne.

Ravageurs et maladies du chou chinois

Comme tous les membres de la famille des Brassicacées, le chou chinois fait face à plusieurs ravageurs et maladies spécifiques qu’il convient de connaître pour mieux les prévenir et les combattre.

Les altises : un fléau redoutable

Les altises sont de petits coléoptères sauteurs de 2 à 4 mm, à la carapace brillante noire, dorée ou bleutée, qui perforent les feuilles de nombreux petits trous circulaires. L’altise prospère par temps chaud et sec, et sa pression se fait de plus en plus forte sur certains secteurs.

Ces insectes s’alimentent pendant les heures chaudes du jour, surtout au soleil, et sautent dès qu’on les inquiète. L’altise déteste l’humidité, un arrosage régulier et un sol humide aident à prévenir les attaques.

Prévention et lutte : Les filets anti-insectes constituent un bon moyen de lutte, mais doivent être utilisés avec parcimonie étant donné le risque accru de montée en graines sous l’effet de la chaleur augmentée. Pulvérisez une infusion de tanaisie ou d’absinthe, ou encore du purin d’ortie en traitement biologique.

Limaces et escargots

Les limaces et escargots peuvent ravager les jeunes plantules et abîmer les belles feuilles vertes. Ils s’attaquent au feuillage en laissant des traces de mucus et peuvent provoquer la disparition complète des plantules.

Méthodes de lutte : Protégez leurs ennemis naturels : hérisson, orvet, batraciens, musaraignes et nombreux oiseaux. Le phosphate de fer, non-toxique pour les autres espèces, inhibe l’appétit des limaces qui retournent vers leurs abris pour mourir.

Piéride du chou

Ce papillon blanc aux taches noires pond ses œufs dans les feuilles de choux, donnant naissance à de petites chenilles vertes qui grignoteront les feuilles. Les feuilles sont trouées, les nervures attaquées et les plants envahis par des chenilles vertes qui virent vers une couleur plus sombre avec des taches noirâtres.

Prévention : Le ramassage manuel des chenilles constitue la méthode la plus efficace. Le Bacillus thuringiensis représente une solution de lutte biologique efficace. L’installation de filets anti-insectes pendant les périodes de ponte réduit significativement les infestations.

Maladies fongiques

Les maladies fongiques se forment généralement dans des environnements chauds et humides. La hernie du chou, causée par un champignon du sol, provoque le flétrissement et le jaunissement des feuilles accompagné d’un retard de croissance.

Prévention : Effectuez une rotation des cultures en ne cultivant pas de Brassicacées au même endroit pendant 3 à 4 ans. Assurez-vous que le sol soit bien drainé et maintenez un pH légèrement alcalin.

Valeurs nutritionnelles et bienfaits

Le chou chinois mérite sa réputation de super-aliment grâce à sa richesse nutritionnelle exceptionnelle et sa faible teneur calorique.

Composition nutritionnelle

Le chou chinois est riche en vitamines C, A et E qui sont des antioxydants, ainsi qu’en vitamines B1 pour la transmission de l’influx nerveux. Il constitue une excellente source de vitamine C qui renforce le système immunitaire et aide à la synthèse du collagène.

Ce légume est également source de minéraux comme le potassium, qui permet de rester en forme tout l’hiver. Les bienfaits santé du chou chinois proviennent de la présence de fibres alimentaires, potassium, vitamine B9, vitamine C et vitamine K1.

Propriétés digestives et diététiques

Le pé-tsaï a la réputation d’être plus digeste que les autres choux, grâce à sa teneur moindre en composés soufrés. Riche en fibres, il agit sur les transits difficiles tout en restant très faible en calories.

Il est particulièrement apprécié pour sa faible teneur en calories et sa richesse en nutriments, ce qui en fait un excellent choix pour une alimentation saine. Cette combinaison en fait un allié précieux pour le maintien d’un poids santé.

Utilisations culinaires

Le chou chinois ayant un goût moins prononcé que les choux d’Europe, peut se consommer soit cru en salade, soit cuit de diverses façons. Il est délicieux cru en salade ou cuit rapidement au wok, à la vapeur ou en gratin.

Dans son pays d’origine, il est consommé en soupe, en salade, sauté avec la viande, en composant de la farce des raviolis, et des galettes fourrées. Le chou chinois a évolué vers une variété de préparations : ragoût, friture, décapage et mélange.

Rotation des cultures et associations

Une gestion réfléchie de l’espace cultural garantit la pérennité des cultures et la santé du sol.

Principes de rotation

Ne replantez pas de Brassicacées (choux, radis, roquette, navets) au même endroit pendant 3 à 4 ans car ils épuisent le sol. Cette rotation longue évite l’accumulation des pathogènes spécifiques et préserve la fertilité du sol.

Alternez avec des légumineuses qui enrichissent le sol en azote, des solanacées ou des cucurbitacées. Les engrais verts entre les cultures régénèrent la structure du sol et apportent de la matière organique.

Associations bénéfiques

Le chou chinois apprécie la compagnie de certains légumes qui peuvent même l’aider à mieux résister aux ravageurs. La mâche forme un excellent couvre-sol protecteur, tandis que les aromates comme le cerfeuil, l’aneth et la coriandre repoussent certains insectes nuisibles.

Les légumineuses comme les haricots et les fèves enrichissent le sol en azote, bénéfique au développement foliaire du chou chinois. La capucine attire les pucerons et protège ainsi les choux par effet de diversion.

Associations à éviter

Les choux n’aiment pas la proximité des Alliacées (ail, oignons, poireaux) et des autres choux. Évitez également de semer différentes espèces de Brassicacées côte à côte pour prévenir la propagation rapide des maladies et ravageurs spécifiques.

L’espacement entre les cultures de choux permet une meilleure circulation de l’air et réduit les risques de développement des maladies fongiques favorisées par l’humidité stagnante.

En guise de conclusion

La culture du chou chinois, bien que demandant une attention particulière à l’arrosage et à la protection contre les ravageurs, récompense le jardinier par des récoltes abondantes et nutritives. Ce légume aux multiples facettes mérite amplement sa place dans nos potagers, apportant saveurs asiatiques et bienfaits nutritionnels à notre alimentation. Avec les techniques appropriées et un calendrier de culture respecté, vous pourrez profiter de ces délicieux choux de l’automne jusqu’aux premières gelées, enrichissant ainsi vos menus hivernaux de légumes frais et savoureux.

Alors pourquoi pas essayer et se régaler avec de bons petits plats à la saveur asiatique ? Bon appétit !

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