Le chou cabus, également appelé chou pommé à feuilles lisses, représente l’une des variétés de légumes les plus appréciées au potager.
Cette culture ancestrale, pratiquée depuis plus de 2000 ans, offre des récoltes généreuses presque toute l’année.
Riche en vitamines C et K, en fibres et en antioxydants, le chou cabus constitue un pilier de l’alimentation saine et peut être consommé cru, cuit ou fermenté.
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Les variétés de chou cabus : choisir selon la saison
Le chou cabus se distingue par ses feuilles lisses qui forment une pomme compacte et dense. Contrairement au chou de Milan aux feuilles frisées, le chou cabus présente une texture uniforme particulièrement appréciée pour la préparation de choucroute et de conserves.
Variétés selon la période de culture
Les choux cabus se classent en trois grandes catégories selon leur cycle de culture. Les variétés précoces ou de printemps comme le « Cœur de bœuf » et « Précoce de Louviers » se récoltent de mai à juin. Ces choux forment des pommes de taille moyenne, parfaites pour la consommation fraîche.
Les variétés de saison ou d’été-automne incluent des cultivars robustes comme « Quintal d’Alsace », particulièrement adapté à la choucroute, et « Gloire d’Enkhuizen » qui peut produire des pommes de 5 à 7 kilogrammes. Ces variétés se récoltent d’août à décembre.
Les variétés tardives ou d’hiver comme « Tête de Pierre » offrent une excellente conservation et résistent aux gelées modérées. Leur récolte s’étend d’octobre à mars, permettant d’avoir des choux frais pendant la saison froide.
Choux cabus colorés
Outre les variétés vertes traditionnelles, les choux cabus rouges comme « Tête noire » ou « Langedijk » apportent couleur et saveur particulière aux préparations culinaires. Leur pigmentation anthocyanique varie selon le pH du sol, tirant vers le rouge en terre acide et vers le bleu en sol alcalin.
Semis du chou cabus : timing et techniques
La réussite de la culture du chou cabus commence par un semis bien mené. Cette étape cruciale détermine la vigueur future des plants et la qualité de la récolte.
Périodes de semis optimales
Le calendrier de semis varie selon la période de récolte souhaitée. Pour les choux de printemps, semez de mi-août à mi-septembre de l’année précédente. Ces semis permettront une récolte précoce dès avril-mai.
Les choux d’été et d’automne se sèment de février à juin. Un semis sous abri en février-mars permettra une plantation au printemps, tandis qu’un semis en pleine terre de mai à juin donnera une récolte automnale.
Les choux d’hiver se sèment de mi-mai à mi-juin pour une récolte hivernale s’étalant d’octobre à mars.
Techniques de semis
Le semis en terrine sous abri reste la méthode la plus fiable. Utilisez un substrat fin et bien drainé, semez les graines à 1 à 2 centimètres de profondeur en maintenant une température de germination autour de 20°C. La levée intervient généralement entre 5 à 10 jours si le substrat reste constamment humide mais non détrempé.
Lorsque les plantules développent leurs premières vraies feuilles, procédez à un éclaircissage en conservant un plant tous les 5 centimètres. Le repiquage en godets individuels s’effectue quand les plants atteignent 3 à 4 feuilles, permettant un développement racinaire optimal avant la plantation définitive.
Semis en pleine terre
Cette technique convient particulièrement aux variétés d’été-automne. Préparez une pépinière en sol fin et frais, semez en ligne ou à la volée et recouvrez légèrement de terre. Cette méthode économique nécessite toutefois une surveillance accrue contre les limaces et autres ravageurs.
Plantation du chou cabus : installation au jardin
La plantation représente une étape délicate qui conditionne l’enracinement et la croissance future des choux cabus.
Préparation du sol
Le chou cabus exige un sol profond, léger et fertile, bien drainé mais conservant la fraîcheur. Un pH légèrement calcaire, entre 6,5 et 7,5, favorise une croissance optimale et limite les risques de hernie du chou.
Enrichissez le sol plusieurs mois avant la plantation avec un apport conséquent de compost ou de fumier bien décomposé, à raison de 3 à 5 kilogrammes par mètre carré. Cette matière organique améliore la structure du sol et fournit les éléments nutritifs nécessaires à cette culture gourmande.
Conditions d’exposition
Privilégiez une exposition ensoleillée, bien que la mi-ombre soit acceptable dans les régions aux étés particulièrement chauds. Le chou cabus préfère les climats doux et humides, détestant la forte chaleur et la sécheresse prolongée. Les régions plus fraîches comme la Bretagne offrent des conditions idéales pour cette culture.
Technique de plantation
Plantez lorsque les jeunes plants atteignent 6 à 8 feuilles, soit environ 4 à 6 semaines après le semis. Respectez un espacement de 30 à 50 centimètres entre les plants selon la variété, les choux d’été-automne nécessitant parfois jusqu’à 60 centimètres d’écartement.
Creusez des trous légèrement plus profonds que la motte, sans enterrer davantage que le niveau initial pour éviter la pourriture du collet. Tassez fermement la terre autour de chaque plant et arrosez abondamment pour favoriser l’enracinement. Un paillage immédiat aide à maintenir l’humidité et limite la concurrence des adventices.
Choix des plants
Si vous achetez vos plants en jardinerie, sélectionnez les plus petits specimens qui n’ont pas trop végété dans leur contenant. Des plants à racines nues présentent souvent une meilleure vigueur grâce à un système racinaire plus développé et permettent de vérifier l’absence de galles de hernie.
Entretien du chou cabus : soins réguliers
L’entretien régulier du chou cabus conditionne la formation de belles pommes compactes et la prévention des problèmes sanitaires.
Arrosage et gestion de l’humidité
Le chou cabus demande un arrosage régulier et abondant sans excès. Maintenez le sol constamment frais, particulièrement lors de la formation des pommes. Un manque d’eau provoque l’arrêt de croissance et peut déclencher la montée en graines prématurée.
Arrosez de préférence au pied des plants le matin pour limiter l’humidité nocturne favorable aux maladies cryptogamiques. Un paillage organique épais conserve l’humidité, régule la température du sol et enrichit progressivement la terre en matière organique.
Fertilisation continue
Cette culture très gourmande nécessite des apports nutritifs réguliers. L’azote constitue l’élément le plus important avec des besoins de 10 à 15 grammes par mètre carré, complétés par 10 grammes de phosphore et jusqu’à 20 grammes de potassium.
Des apports fractionnés d’engrais organiques comme le sang séché, la farine de plumes ou le guano maintiennent une nutrition équilibrée. L’urine diluée à 10%, bien qu’encore taboue en France, représente une source d’azote très concentrée et efficace.
Travail du sol
Binez et sarclez régulièrement pour éliminer les mauvaises herbes et ameublir la surface du sol. Cette pratique limite l’évaporation et favorise la pénétration de l’eau et de l’air vers les racines.
Le buttage régulier des plants, consistant à ramener la terre autour du collet, renforce l’ancrage racinaire et améliore la stabilité des choux. Cette technique stimule également le développement de racines adventives.
Protection climatique
En cas de forte chaleur ou de sécheresse, ombragez temporairement vos cultures avec un voile d’ombrage ou des cagettes retournées. Dans les régions aux hivers rigoureux, protégez les variétés tardives avec un paillage épais ou un voile d’hivernage pour éviter la montée en graines précoce.
Récolte et conservation du chou cabus
La récolte du chou cabus s’échelonne selon les variétés, permettant d’étaler la production sur plusieurs mois.
Reconnaissance de la maturité
Le chou cabus se récolte lorsque la pomme devient ferme et dense, résistant légèrement à la pression du doigt. Les feuilles extérieures commencent parfois à jaunir, signal que la pomme a atteint sa taille optimale.
La période entre semis et récolte varie considérablement : 8 à 9 mois pour les choux de printemps, 4 mois environ pour les variétés d’été-automne, et 6 à 7 mois pour les choux d’hiver.
Technique de récolte
Coupez le chou au ras du sol avec un couteau bien aiguisé, de préférence le matin quand les tissus sont encore gorgés d’eau. Laissez quelques feuilles extérieures pour protéger la pomme si vous ne la consommez pas immédiatement.
Certaines variétés produisent de petits choux secondaires après la coupe de la pomme principale. Laissez le système racinaire en place pour bénéficier de cette production supplémentaire.
Méthodes de conservation
Les choux cabus se conservent de différentes manières selon l’usage prévu. Au réfrigérateur, les variétés fermes se maintiennent plusieurs semaines dans le bac à légumes.
Pour une conservation prolongée, stockez les choux entiers dans un local frais et légèrement humide, suspendus par les racines ou posés sur des caillebotis. Cette méthode permet une conservation de plusieurs mois pour les variétés tardives.
La congélation nécessite un blanchiment préalable de 3 à 5 minutes selon la taille des morceaux. Les choux ainsi préparés se conservent 10 à 12 mois au congélateur.
La lacto-fermentation transforme le chou en choucroute, méthode de conservation ancestrale qui enrichit le légume en probiotiques bénéfiques pour la santé digestive.
Maladies et ravageurs du chou cabus
Le chou cabus attire de nombreux ravageurs et peut être affecté par diverses maladies. Une approche préventive reste la stratégie la plus efficace.
Principales maladies cryptogamiques
La hernie du chou constitue la maladie la plus redoutable. Causée par le champignon Plasmodiophora brassicae, elle provoque des galles sur les racines et le flétrissement des plants. Ce pathogène survit plus de 10 ans dans le sol et se développe particulièrement en sol acide et humide.
La prévention passe par l’amendement calcaire pour élever le pH au-dessus de 7, l’amélioration du drainage et une rotation stricte de 7 à 8 ans minimum après une attaque. Les plants malades doivent être arrachés et brûlés sans être compostés.
Le mildiou se manifeste par des taches brunes sur les feuilles avec un duvet blanc sur la face inférieure. Cette maladie se développe par temps frais et humide. L’espacement des plants, l’évitement de l’arrosage par aspersion et la pulvérisation préventive de décoction de prêle constituent les principales mesures de lutte.
L’alternariose provoque des taches rondes brunes avec un halo clair. Une bonne aération des cultures et l’évitement des excès d’humidité limitent son développement.
Ravageurs spécifiques
La piéride du chou pond ses œufs jaunes sous les feuilles. Les chenilles vert-jaune dévorent ensuite le feuillage entre les nervures. Un filet anti-insectes installé dès la plantation offre une protection efficace.
Les altises, petits coléoptères sauteurs, perforent les feuilles de multiples petits trous. Le paillage ou un voile de protection limitent leurs attaques, particulièrement problématiques sur jeunes plants.
La mouche du chou pond au collet des plants. Les larves s’attaquent ensuite aux racines, provoquant flétrissement et jaunissement. Entourer le collet d’un disque de carton lors de la plantation constitue une protection mécanique efficace.
Les pucerons cendrés forment des colonies grises sur les feuilles et dans les pommes. Le savon noir dilué ou le purin d’ortie permettent une lutte biologique efficace.
Moyens de lutte biologique
L’installation d’un filet anti-insectes pendant les périodes de vol des papillons protège efficacement contre la piéride et la noctuelle. Cette barrière physique évite l’usage de traitements chimiques.
Les plantes aromatiques comme le thym, la sauge, le romarin, l’aneth ou la mélisse masquent l’odeur attractive du chou pour de nombreux ravageurs. Leur plantation en bordure ou intercalaire constitue une protection naturelle.
Les préparations à base de tanaisie ou d’absinthe repoussent efficacement les insectes ravageurs. Ces purins s’appliquent par pulvérisation préventive ou curative selon les besoins.
Associations et rotation des cultures
La gestion de l’espace et du temps au potager optimise la production de choux cabus tout en préservant la fertilité du sol.
Plantes compagnes bénéfiques
Les légumes à croissance rapide comme la laitue, la mâche, les radis ou les épinards s’intercalent avantageusement entre les choux. Leur cycle court permet une récolte avant que les choux n’occupent tout l’espace disponible.
Les légumineuses comme les haricots, les petits pois ou les fèves enrichissent le sol en azote grâce à leur symbiose bactérienne. Cultiver ces légumes avant les choux prépare naturellement le terrain pour cette culture gourmande.
Les alliacées comme les oignons et les poireaux constituent d’excellents précédents culturaux. Leurs propriétés antifongiques assainissent le sol et limitent les risques de maladies telluriques.
Associations à éviter
Les brassicacées comme les radis, navets, roquette ou moutarde partagent les mêmes ravageurs et maladies que les choux. Leur proximité favorise la propagation des problèmes sanitaires et la concurrence pour les nutriments.
Les tomates et fraises entrent en compétition avec les choux pour certains éléments nutritifs et peuvent partager des maladies communes. Leur association n’apporte aucun bénéfice mutuel.
Rotation des cultures
La rotation constitue un pilier de la culture durable du chou cabus. Ne cultivez aucune brassicacée au même emplacement avant 4 à 5 ans minimum, voire 7 à 8 ans après une attaque de hernie.
La séquence idéale comprend une première année de légumineuses fixatrices d’azote, suivie de choux gourmands, puis de légumes-racines qui exploitent les couches profondes du sol, et enfin de légumes-feuilles moins exigeants.
Cette rotation brise les cycles parasitaires, équilibre les prélèvements nutritifs et maintient la fertilité naturelle du sol.
Le chou cabus préfère les climats doux et humides, détestant la forte chaleur et la sécheresse prolongée
Conseils pratiques pour optimiser sa culture
Quelques astuces facilitent la culture du chou cabus et améliorent les résultats.
Gestion de la pépinière
Semez toujours plus de graines que nécessaire pour pouvoir sélectionner les plants les plus vigoureux. Les plantules chétives ou présentant un œil central développé prématurément doivent être éliminées.
Habituez progressivement les jeunes plants aux conditions extérieures en les sortant quelques heures par jour avant la plantation définitive. Cette acclimatation limite le choc de transplantation.
Optimisation de l’espace
La culture en carré potager adapte parfaitement les choux cabus. Plantez-les dans l’angle des carrés pour que leur développement s’étende partiellement dans les allées sans gêner les cultures voisines.
En bac ou jardinière, prévoyez au minimum 30 centimètres de profondeur et un volume suffisant pour chaque plant. L’arrosage demande une attention particulière en culture conteneurisée.
Maximisation de la production
Échelonnez les semis toutes les 3 à 4 semaines pour étaler la production et éviter l’abondance ponctuelle. Cette technique assure un approvisionnement régulier selon les besoins familiaux.
Récoltez les choux au stade optimal pour libérer l’espace rapidement. Les légumes récoltés trop tard perdent en qualité gustative et monopolisent inutilement l’espace cultural.
Valorisation des déchets
Compostez les feuilles extérieures et les trognons après récolte. Ces déchets riches en éléments nutritifs se décomposent rapidement et enrichissent le compost domestique.
Les feuilles externes abîmées constituent un excellent paillis pour d’autres cultures après un léger séchage qui évite l’excès d’humidité au sol.
La culture du chou cabus demande patience et observation mais récompense généreusement le jardinier attentif. Cette production étalée sur plusieurs mois garantit un approvisionnement familial en légumes frais et nutritifs. La maîtrise des techniques de base, associée à une approche préventive des problèmes sanitaires, assure des récoltes abondantes et savoureuses année après année.
