
La pomme de terre figure parmi les légumes les plus appréciés du potager.
Cette culture généreuse et accessible offre des récoltes abondantes pour peu que l’on respecte quelques règles fondamentales.
Originaire de la cordillère des Andes, ce tubercule est devenu un aliment de base mondial grâce notamment aux travaux d’Antoine-Augustin Parmentier au XVIIIe siècle.
Aujourd’hui, sa culture demeure à la portée de tous les jardiniers, débutants comme expérimentés.
Choisir ses variétés de pommes de terre
Le choix des variétés constitue la première étape vers une culture réussie. Les pommes de terre se distinguent principalement par leur précocité, variant de 70 à 140 jours entre la plantation et la récolte, mais aussi par leur texture de chair qui détermine leur usage culinaire.
Les variétés à chair ferme comme l’Amandine, la Charlotte, la Belle de Fontenay ou la Ratte conviennent parfaitement aux salades, cuissons vapeur et pommes sautées. Leur avantage réside dans le fait qu’elles ne se délitent pas à la cuisson, conservant leur forme et leur texture.
Les pommes de terre à chair tendre ou fondante, telles que la Monalisa, Miss Blush ou l’Œil de Perdrix, offrent une polyvalence remarquable. Elles excellent dans les gratins, purées et cuissons au four grâce à leur texture moelleuse après cuisson.
Enfin, les variétés à chair farineuse comme la Bintje, Désirée ou Victoria se révèlent idéales pour les frites, purées et soupes. Leur texture farineuse après cuisson les rend particulièrement savoureuses pour ces préparations.
Les variétés précoces se récoltent environ 2,5 mois après la plantation, les semi-précoces entre 3 et 3,5 mois, tandis que les variétés tardives demandent entre 100 et 130 jours. Cette diversité permet d’échelonner les récoltes sur plusieurs mois.
Préparer la plantation des pommes de terre
Quand planter les pommes de terre
La plantation intervient au printemps, après les gelées, lorsque la température du sol atteint 8 à 10°C minimum. Cette condition thermique s’avère cruciale car les tubercules risquent de pourrir avant de germer si le sol reste trop froid.
Les périodes de plantation varient selon les régions. Dans le Sud, la plantation peut débuter dès mi-février à mi-mars. Les régions de l’Ouest privilégient le mois de mars, tandis que le Nord attend généralement avril. Un repère traditionnel consiste à planter quand les lilas sont en fleurs, signe que les risques de gelées tardives diminuent sensiblement.
Préparer le sol pour la plantation
La pomme de terre apprécie un sol riche, profond et bien drainé. C’est une culture assez gourmande en termes de nutriments, nécessitant un sol riche en potasse mais pas trop riche en azote. Un excès d’azote favoriserait le développement du feuillage au détriment des tubercules.
L’automne précédent la plantation constitue le moment idéal pour enrichir le sol. L’apport de fumier ou compost bien décomposé, accompagné de cendre de bois, améliore la structure du sol tout en fournissant les éléments nutritifs nécessaires. Des apports de 3 à 5 kilos de compost au mètre carré sont recommandés.
Le sol doit être meuble et aéré pour permettre le développement harmonieux des tubercules. Le travail du sol s’effectue de préférence quelques jours ou semaines avant la plantation, en utilisant une fourche-bêche en sol argileux ou une grelinette. L’important consiste à ameublir la terre sans mélanger les couches, préservant ainsi la vie du sol.
Les sols trop calcaires favorisent l’apparition de la gale commune, maladie bénigne qui affecte l’aspect des tubercules sans nuire à leur consommation.
Techniques de plantation
Avant la plantation, la prégermination des tubercules s’avère particulièrement bénéfique. Cette opération consiste à placer les pommes de terre dans un sac en papier ouvert, à la lumière indirecte, à une température d’environ 20°C, quatre à six semaines avant la plantation. Pour obtenir des germes de bonne qualité, conservez les tubercules dans un endroit lumineux où la température oscille autour de 10-15°C.
La plantation proprement dite commence par creuser des sillons de 10 à 15 centimètres de profondeur. Positionnez chaque tubercule verticalement en veillant à ce que le germe soit dirigé vers le haut. Cette orientation favorise une levée rapide et uniforme.
L’espacement revêt une importance capitale pour la réussite de la culture. Respectez une distance d’environ 30 à 40 centimètres entre chaque tubercule sur le rang, et 60 à 70 centimètres entre les sillons. Ces distances permettent un développement optimal des plants tout en facilitant les opérations d’entretien.
Les grosses pommes de terre comportant plusieurs germes peuvent être coupées en deux pour économiser la semence, à condition de laisser sécher la coupe quelques jours avant la plantation.
Pour les jardins de petite surface, la culture en pot, sac ou tour offre une alternative intéressante. Le contenant doit mesurer au moins 50 centimètres de profondeur pour permettre un développement satisfaisant des tubercules.



Entretenir la culture des pommes de terre
Arrosage et gestion de l’eau
La pomme de terre n’a pas énormément besoin d’humidité mais nécessite un apport d’eau régulier, surtout au démarrage et au moment où les tubercules se forment. Un apport d’environ 15 à 20 litres par mètre carré par semaine en période de sécheresse constitue un bon repère.
L’arrosage doit s’effectuer entre les rangs pour éviter de mouiller le feuillage, limitant ainsi les risques de maladies fongiques comme le mildiou. Un sol maintenu frais mais sans excès d’humidité favorise le bon développement des tubercules.
Le buttage des pommes de terre
Lorsque les plants atteignent 10 à 15 centimètres de hauteur, il devient important de butter le pied avec une terre légère. Cette opération cruciale présente un double avantage.
D’une part, le buttage protège les tubercules de la lumière du jour qui les ferait verdir et développerait de la solanine, molécule toxique rendant les pommes de terre impropres à la consommation. D’autre part, cette technique favorise le développement de nouveaux tubercules le long de la tige enterrée, augmentant ainsi le rendement.
Le buttage s’effectue généralement en deux fois : une première fois 4 à 5 semaines après la plantation pour désherber la parcelle, puis une seconde fois lorsque les plants mesurent 40 à 50 centimètres.
Pour les jardiniers préférant les méthodes alternatives, un paillage épais peut remplacer le buttage traditionnel, à condition de réappliquer la couverture en cours de culture si nécessaire.
Désherbage et paillage
La pomme de terre possède une capacité désherbante naturelle grâce à son feuillage dense qui étouffe les adventices. Néanmoins, un désherbage manuel au début de la culture favorise l’installation des plants.
L’utilisation de paillage organique présente de multiples avantages. La tonte de gazon, la paille ou les feuilles mortes nourrissent la culture en se décomposant, retiennent l’humidité et empêchent la pousse des mauvaises herbes. Ce paillis constitue également une barrière naturelle protégeant les tubercules de la lumière.
Les associations de cultures bénéfiques incluent les légumineuses comme les fèves, haricots ou pois qui enrichissent le sol en azote. Certaines plantes compagnes comme le lin, le ricin ou la capucine peuvent également éloigner les doryphores.
Récolter et conserver les pommes de terre
Récolte des pommes de terre nouvelles
Les pommes de terre nouvelles, appelées aussi primeurs, se récoltent très jeunes avant leur maturité complète, généralement quand les plants sont en fleur, soit environ 60 à 70 jours après la plantation. Ces tubercules présentent une peau très fine qui ne nécessite pas d’épluchage.
La récolte des primeurs s’effectue délicatement pour ne pas abîmer les tubercules fragiles. Ces pommes de terre nouvelles ne se conservent que peu de temps et doivent être consommées rapidement, dans les quelques jours suivant la récolte.
Récolte des pommes de terre de conservation
Les pommes de terre de conservation se récoltent quand le feuillage sèche complètement, soit environ 4 mois après la plantation. Ce jaunissement et dessèchement du feuillage signalent la maturité complète des tubercules.
Le rendement moyen s’établit à 3 à 4 kilos au mètre carré, mais peut varier de 2 à 7 kilos selon la variété et les conditions de culture. Les variétés tardives et les conditions optimales permettent d’atteindre les meilleurs rendements.
La récolte s’effectue par temps sec, de préférence quelques jours après les dernières pluies. Utilisez une fourche-bêche plutôt qu’une bêche pour limiter les risques de coupure des tubercules.
Conservation des tubercules
Une fois récoltées, étalez les pommes de terre sur une surface dure et laissez-les reposer quelques jours au soleil pour que la terre collée sèche. Attention toutefois à ne pas les laisser plus de deux jours au soleil pour éviter le verdissement.
Les pommes de terre doivent être stockées dans un endroit frais, sec et à l’ombre, idéalement entre 4 et 8°C. L’obscurité s’avère indispensable car l’exposition à la lumière provoque la germination et le développement de solanine.
Disposez les tubercules en couches dans des caisses empilables, sans superposer plus de trois couches par bac. Cette disposition permet une bonne circulation de l’air et facilite la surveillance. Éliminez régulièrement les pommes de terre abîmées pour éviter la propagation de la pourriture.
L’espace de stockage doit être bien ventilé pour éviter l’accumulation d’humidité. Une cave, un garage hors gel ou un cellier constituent des lieux de conservation idéaux.



Prévenir et traiter les maladies
Les principaux ravageurs
Le doryphore représente le principal ennemi de la pomme de terre. Ces petits scarabées orange et noir dévorent le feuillage et peuvent affaiblir considérablement la récolte. La lutte préventive comprend la rotation des cultures et l’inspection régulière des plants.
Écrasez manuellement les œufs orange situés sous les feuilles et faites tomber les larves et adultes dans de l’eau savonneuse. Cette méthode mécanique, bien qu’un peu fastidieuse, s’avère très efficace pour limiter les populations.
Les pucerons constituent un autre ravageur fréquent. Ils provoquent l’enroulement et la décoloration des feuilles tout en transmettant parfois des virus. Un traitement au savon noir ou l’introduction d’auxiliaires comme les coccinelles peuvent contrôler ces populations.
Les maladies courantes
Le mildiou représente la maladie la plus redoutée des cultivateurs de pommes de terre. Cette maladie fongique provoque des taches huileuses noircissant les feuilles et les tiges. Il est conseillé d’éviter de mouiller le feuillage lors des arrosages et d’espacer suffisamment les plants pour assurer une bonne circulation de l’air.
En cas d’attaque, supprimez immédiatement les parties atteintes et arrachez les fanes trop infectées pour limiter la propagation. Des traitements préventifs à base de bouillie bordelaise peuvent être appliqués en conditions très humides.
La gale commune affecte l’aspect des tubercules sans nuire à leur consommation. Cette maladie se développe particulièrement dans les sols calcaires et en conditions sèches lors de la formation des tubercules.
Les taupins et campagnols peuvent également causer des dégâts en perforant les tubercules. Une rotation des cultures et l’élimination des résidus végétaux limitent la présence de ces ravageurs.
En guise de conclusion
La culture de la pomme de terre procure une grande satisfaction au jardinier amateur. Cette activité familiale, particulièrement appréciée des enfants, permet de produire des légumes sains et savoureux directement au potager. Avec un minimum de soins et en respectant les principes fondamentaux de cette culture, chaque jardinier peut espérer des récoltes généreuses qui raviront toute la famille durant de longs mois.
Je vous souhaite une excellente culture et, en tant que belge, une excellente dégustation de frites croquantes et dorées à point !